Il a clairement toutes les raisons de me demander si ça va, mais je choisis de répondre avec un sourire, ne jugeant même pas nécessaire de saisir la perche qu'il me tend en disant qu'il n'a que de bonnes idées. Sa réponse par rapport au motif de l'invitation est moins attendue, et a pour résultat de me faire recracher un peu de ma boisson. C'est de sa faute s'il en a reçu. Oh j'espère pour lui qu'il ne se rappellera rien de la soirée demain matin. Je soupire, mon cœur venant de rater un battement avant de prendre une course ridicule. Respirer, respirer... ne pas s'emballer, c'est l'alcool qui parle.
Heureusement que la joie est plus puissante que tous les autres sentiments éveillés. Je passe mon bras autour de son cou faisant semblant de l'étrangler, d'un geste amical : « T'as toutes les raisons de vouloir te rattraper. Je resserre légèrement mon emprise avant de le lâcher : mais j'ai pas été très correcte non plus alors... excuses acceptées ! » Pour répondre à sa question, je lui reprends le poignet et l'entraîne devant un stand où les gens se font tatouer avec de la peinture colorée. Je saisis un pinceau sans cérémonie et, comme mes dessins n'ont jamais été plus artistiques que les gribouillis de Rondoudou, je préfère y inscrire quelques mots. Propriété privée de Romy, finis-je d'écrire. Fière du résultat, je lève sa main à l'instar d'un arbitre de catch venant d'annoncer le vainqueur en riant.
A y réfléchir, il vaut mieux que moi non plus je ne garde aucun souvenir de la soirée.
- pincez-moi- Noah hallucinait un peu de ce qui se passait. Romy redevenait même tactile avec lui en l'entourant de ses bras, pour jouer. Cela lui faisait très plaisir intérieurement, pourtant il se sentait encore à côté de ses pompes. Il n'arrivait vraiment pas à analyser comment il avait pu être si fanc d'un coup, s'il continuait à jouer le livre ouvert, il allait avoir des sérieux problèmes.
“C'est vrai que tu n'as pas été correct. Se pavaner avec quelqu'un comme ça, ce n'est pas bien. Tu as heurté une corde encore trop sensible à mon goût.” Bon et bien apparemment ce n'est pas encore là qu'il arrêterait sa bouche, à dire ce que son cerveau bloquait pourtant très clairement d'ordinaire. Il se laissa entraîner avec plaisir cependant au stand de tatouage. L'idée le fit sourire avant de regarder ce qu'elle venait d'inscrire. “Tu t'es trompé Romy, c'est ex propriété privée en fait. Pour être précis.” Dire qu'il avait dit ça d'un ton complètement détaché, il se devait intérieurement, c'était plus fort que lui, d'apporter une petite rectification. "Bon après, ce n'est pas impossible que ça redevienne le cas." Il avait besoin d'un autre verre tout d'un coup et de manger, tout ce qu'il était possible de faire pour arrêter de parler, d'ouvrir cette satanée bouche aujourd'hui porteuse de trop de franchise qu'il n'en fallait.
Il prit la main de Romy dans la sienne quand elle eut finit de triompher et ce fut à son tour de l'entraîner vers le buffet, prenant deux autres verres au passage. Il salua de la main avec un sourire Siloê qu'il croisa du regard. Il n'était pas question d'aller vers elle s'il disait tout ce qui lui passait par la tête. Il devait éloigner Romy d'elle, d'Apolline, il l'emmena donc une nouvelle fois loin de la foule. "J'ai un coup de chaud d'un coup pas toi ? "
Tu étais arrivé alors que tu remarquais des personnes présentes. Certaines étaient entre elles alors que de ton côté tu t'étais approchée du bar. Tu avais regardé la liste des cocktails avant de te commander un el diablo. Tu attendais que le serveur te le donne avant de boire. En te tournant tu avais remarqué nate plus loin mais tu décidais de ne pas l'approcher. Tu remarquais également que Noah était là mais il était accompagné. Il te fit cependant un signe de la main que tu lui rendis avec un sourire. Soudainement tu sentais que tu avais chaud. Tu ne savais pas pour quelle raison mais tu avais chaud. Tu avais aussi une folle envie de te déhancher et d'aller sur la piste. Tu posais ton verre avant de finalement t'éloigner pour aller danser. Tu n'étais pas des plus douées pour cela. Après tout, tu n'avais jamais pris de cours de danse alors tu faisais comme tu le savais. Tu espérai aussi que quelqu'un viendrait te rejoindre sur la piste de danse. Non pas que tu n'aimais pas danser seule mais si tu avais quelqu'un pour ce serait encore mieux.
Apolline, elle était tranquille. Elle ne demandait rien à personne. Elle était dans son coin avec son hot-dog. Mais apparemment, elle attirait quand même les regards. Puisqu’une personne lui cacha le soleil. Apolline soupira intérieurement. L’arrivée de Maisie ne signifiait rien de bon. Son ancienne amie était une peste, une réelle peste. A la hauteur de Marina Hart. Et Apolline détestait ce genre de personne. Moins elle les voyait, mieux elle se portait. Puis la brunette n’aimait pas la confrontation. Alors qu’elle vienne la voir n’était pas bon signe. Et ça ne loupa pas. Aussitôt dérangée, aussitôt rabaissée. Bon, ça restait plus au moins correct, mais l’on sentait bien qu’il s’agissait d’un petit pique. Malheureusement, la répartie n’était pas la spécialité d’Apolline…n’aimant pas entrer dans les conflits. C’était plutôt le genre de fille à se laisser marcher dessus, malheureusement. Alors il n’y avait qu’une seule façon de répondre à ses remarques peu agréables, à la façon Apopo…avec calme et une pointe de gentillesse même si évidemment envers Maisie, c’était légèrement hypocrite. « Pourquoi pensais-tu que je ne viendrais pas ? Après tout, tout le monde est invité. Les beaux jours reviennent doucement. C’est donc une bonne occasion de sortir. » Par contre, Maisie, elle aurait pu se passer de venir à cette fête et encore plus en face d’Apolline qui n’avait rien demandé. Mais évidemment, Apolline se passerait de lui faire la remarque, n’ayant pas envie de s’attirer les foudres de son ancienne amie. « Je dois t’avouer que je suis surprise de te voir ici. Je pensais que tu préférais les boutiques, le shopping. » Ceci n’était pas du tout lancé comme un pique, mais plutôt comme une réelle remarque. Même si aujourd’hui, Maisie et Apolline n’étaient plus amies, elles l’avaient été dans le passé. Et Apo savait parfaitement que Maisie aimait tout ce qui touchait à la mode et aux fringues. Peut-être avait-elle changé ? Bizarrement, l’étudiante en doutait.
Une corde encore trop sensible ? Ok... je reste freezée sur place, le regardant l'air de dire "qui êtes-vous et où est le vrai Noah Wilson ?". Peu importe ce qu'il se passe dans sa caboche - et la mienne - ça me fait étrangement plaisir de connaître le fond de ses pensées. N'empêche, je toussote puis regarde ailleurs en espérant que ce moment extrêmement gênant passe vite. S'en suit un autre où il précise - trop - naturellement qu'il n'est plus qu'une "ex propriété", mais que c'est possible de rectifier le tir. J'entrouvre la bouche plusieurs fois comme pour lui demander de se répéter. Il a l'air si... sincère que cette fois, je pose une main sur ma poitrine, comme si ça allait calmer ma fréquence cardiaque encore élevée. Il a réussi à me faire taire deux fois de suite, quel exploit.
Bref passage par le buffet où, pour une fois, je ne m'éternise pas sur le sort des pauvres bêtes servies à manger. De bonne humeur, je prends simplement le verre offert et suis Noah, essayant tant bien que mal d'ignorer la chaleur de sa main. Nous sommes vite quasiment isolés, et j'hausse simplement les épaules à la mention d'un coup de chaud sans le quitter des yeux. Tout ça, à quoi ça rime ? Et si c'était un stratagème élaboré pour coucher avec moi ? C'est plausible comme explication à son comportement étrange.
Convaincue de ma théorie, je lâche sa main et commence à faire marche-arrière, seule. « Je suis désolée mais si tu me prends pour une de tes gonzesses qu'il est facile de sauter, tu te trom- » interrompue par une soudaine sensation de chute, ma voix s'éteint après un cri. Génial, j'ai trouvé le moyen de trébucher et le sol glissant fait que je me retrouve pour ainsi dire dans le lac à deux mètres de mon compagnon. C'est le moment où je suis censée me sentir embarrassée, m'énerver et partir ; mais je plonge dans l'eau fraîche sans réfléchir, victime d'un fou rire. Invitant Noah d'un geste de la main à me rejoindre alors que j'allais l'abandonner une minute plus tôt. Un coup de chaud hein ? « Je crois que j'ai trouvé la solution à ton problème ! » A croire que cette joie efface tout autre sentiment, mais elle accentue mon envie d'être tactile. Que Dieu me garde.
- Allez Noah on se reprend. Bon au pire, ils allaient boire ce soir-là, donc forcément dans tous les cas il ne resterait que des brides de souvenirs que le jeune homme pourrait à souhait modifier, supprimer, nier où dire que c'était son cousin polonais qui parlait. Il n'allait pas se laisser gâcher la soirée par sa langue, aussi fourbe soit-elle.
Main dans la main, les verres rechargés après un bref passage autour du buffet, ils pouvaient continuer lui et Romy de vagabonder. C'est qu'elle avait la bougeotte aujourd'hui elle aussi même si là, c'est lui qui avait prit l'initiative. Il rigola au début de sa phrase sur le fait qu'elle ne serait pas une “gonzesse facile” et gnagna, puis … le fou rire, le grand et bon fou rire, celui qui ramène quelques larmes, mais qui fait tant de bien au morale. Plouf. Noah avait vu le coup venir, mais il n'était pas allé jusqu'à s'imaginer qu'elle irait complètement dans le piège. C'était si bon. “j'adore, j'adhère, c'est juste … magique.” Voir Romy s'amuser comme une petite folle dans l'eau et l'inviter à le rejoindre ne mit pas longtemps à le convaincre. Son problème, son coup de chaud, voilà ! Il enleva sa veste, son pantalon, et son tee-shirt, il pensait tout de même à la suite de la soirée et plongea à la suite de la demoiselle pour se retrouver à quelques centimètres d'elle ensuite.
Rapprochement ? A voir la tête de Noah là tout de suite, oui et non. L'air un peu idiot, la malice qui illumine son visage, il allait faire une connerie, mais laquelle ? Il s'amusa tout simplement à la couler, histoire d'être sûr qu'elle soit trempée jusqu'au moindre cheveux, il allait adorer la suite des événements “t'es très sexy les cheveux mouillés.” Il ne s'en voulait pas pour une fois d'avoir parlé sans réfléchir, ça l'amusait beaucoup.
Je ne sais pas ce qu'ils mettent dans ces cocktails, mais j'en veux définitivement la recette, pense-je en voyant les vêtements de Noah atterrir un à un sur le sol... sans détourner mon regard. Il faut dire que je ne suis pas dans un meilleur état mental qu'un chat devant une poissonnerie et ça me fait même rire. L'expression sur son visage est annonciatrice d'une connerie, d'une tentative de me noyer précisément mais je trouve la force d'en rire quand je relève la tête pour m'alimenter en air. Je lui balance par réflexe la plus grande quantité d'eau que mes mains ont pu porter sur la figure mais sens mes joues rougir à sa remarque.
Très sexy ? Que quelqu'un le bâillonne, je crois que ma température corporelle commence à avoisiner les 100°. Il fait frais mais malgré le vent qui souffle et mes vêtements trempés, je risque plus de mourir d'hyperthermie. Mes yeux se posent sur ses lèvres, c'est qu'il est aussi très sexy, ainsi mouillé et torse nu. Sous une pulsion irréfléchie, je prends délicatement son visage entre mes paumes chaudes, affichant à mon tour un sourire prévenant d'une connerie, et quelle connerie : « Si tu racontes ça à quelqu'un, j'afficherai ton numéro de téléphone dans un magazine pour célibataires gay... » En l'absence de toute voix de sagesse, j'emprisonne alors ses lèvres dans un geste aussi assuré que quand j'avais 14 ans mais tout aussi innocent. Je me détache au bout de quelques instants, de petites étincelles et un flot de souvenirs dans la tête : « Euh, je dois m'excuser ? » puis revenir au plus vite chez moi, là où j'ai oublié mon cerveau, mon amour-propre et ma fierté ?
Accueil 
